BRUXELLES Pendant la dernière campagne électorale, Didier Reynders (MR) avait déjà fait très fort en qualifiant la RTBF de « sa » chaîne, s’agissant d’Elio Di Rupo.
Hier samedi, Yves Leterme, ex-futur [?] Premier ministre, a franchi une étape – à moins que ce ne fût de l’humour… macabre, cette fois -, comparant le service public à Radio Mille Collines.
Pour mémoire, cette radio émit durant le génocide rwandais. Réaction du président du CA de la RTBF, Jean-François Raskin (CDH).
À quoi vous font penser les propos d’Yves Leterme ?
« Je trouve étrange (sic) de comparer la RTBF à une radio qui appelait au génocide… Mais il est clair que cela ne va pas ! »
Cela ne vous choque pas outre mesure ?
« Pour moi, Yves Leterme a réagi sur le coup de la crise politique. »
Mais c’est quand même dur, comme comparaison…
« C’est surtout insultant pour tous les journalistes du pays. Qu’il attaque la RTBF sur son travail, c’est son droit, mais là… »
Il accuse aussi la RTBF d’avoir un agenda caché…
« De qui est cet agenda dont il parle ? Il ne le dit pas ! »
Vous ne comptez pas réagir officiellement ?
« Non, il s’agit d’un homme politique qui critique le travail de la RTBF »
Oui, mais cet homme n’est pas n’importe qui : il sera peut-être appelé à devenir Premier ministre ?
« En effet, mais cela ne nécessite pas de réaction officielle. »
L’administrateur général, Jean-Paul Philippot (PS), compte-t-il réagir ?
« Je l’ai eu au téléphone et je ne crois pas qu’il réagisse. »
Et de votre côté, pas de réunion d’urgence du conseil d’administration ?
« Non, aucune mesure particulière, ni réunion. Un comité permanent se réunit vendredi et peut-être le sujet y sera-t-il abordé. »
Les journalistes ont réagi, eux : ils sont choqués !
« Oui, c’est à eux de réagir, c’est leur travail qui est attaqué. Ce n’est pas à nous de réagir : le conseil d’administration est là pour garantir leur travail. »
Ce n’est pas une première, de la part d’Yves Leterme…
« Il y a effectivement un contentieux avec la RTBF. Il refuse de se rendre chez nous, il fait des pressions pour que d’autres médias ne nous prêtent plus leurs images. »
Malgré cela, vous ne réagissez pas ?
« Nous n’allons pas continuer à avoir des réactions de ce genre avec Yves Leterme. Quand tout sera calmé, nous allons lui expliquer le fonctionnement de la RTBF et écouter ce qu’il a à dire. »