Le prince Laurent de Belgique descend dans l’arène judiciaire

Le mal-aimé de la monarchie belge, affaiblie par ce procès au moment où certains milieux flamands indépendantistes demandent sa supression, a démenti toute implication personnelle dans un système qui lui a permis de se meubler.

Onze personnes, dont trois militaires, se retrouvent depuis lundi sur le banc des accusés du tribunal correctionnel de Hasselt, en Flandre, pour avoir, selon l'accusation, détourné 2,2 millions d'euros au détriment de la marine belge.

Les accusés, dont le capitaine de vaisseau Noël Vaessen, l'ex-conseiller du prince Laurent, se défendent en affirmant qu'ils l'ont fait à la demande de la famille royale.

Selon eux, ce système avait été notamment mis en place avec le consentement de l'état-major de la marine pour répondre aux besoins du fils cadet du roi Albert II, dont les frasques - notamment les excès de vitesse à répétition - alimentent depuis des années les rubriques à scandale.

Un autre inculpé, Marc Luypaerts, ex-militaire devenu l'entrepreneur qui était au centre du système, a déclaré à la télévision flamande qu'il avait été sommé de se taire sur l'implication de Laurent, sous peine d'être envoyé en prison.

Rien n'obligeait Laurent, qui est âgé de 43 ans, à se rendre à Hasselt, la défense ayant demandé trop tardivement qu'il comparaisse comme témoin.

La présidente du tribunal avait clairement dit lundi que son absence ne serait pas sanctionnée et le parquet s'opposait à une comparution risquant selon lui d'entraîner un vice de forme.

UNE "PREMIÈRE"

Le procureur du roi avait d'ailleurs fait procéder lundi soir en grand secret à l'audition du prince Laurent par la police judiciaire pour rendre cette comparution inutile.

Mais, bon prince, Laurent s'est lui-même présenté mardi matin à Hasselt pour cette "première" dans l'histoire de la vie politique belge, arrivant au volant d'une Smart - un clin d'oeil ironique pour cet amateur de bolides.

Le cadet du roi Albert II, qui a vu sa vie privée étalée dans toute la presse ces derniers jours - décrit comme un élève médiocre, quasiment abandonné par ses parents qui se déchiraient et doutant même de sa filiation -, s'est gardé de polémiquer alors que dans le passé il s'est souvent montré aigri.

Onzième dans l'ordre de succession, il devra en effet attendre 1993 pour obtenir un logement, 2000 pour devenir, comme son frère Philippe et sa soeur Astrid, sénateur à vie et 2001 pour obtenir une dotation de l'Etat de 312.000 euros par an.

Lors de sa comparution, Laurent, qui n'avait à l'époque des faits aucun revenu officiel, a expliqué qu'il ignorait le mécanisme exact de financement de ses meubles et qu'il avait simplement fait confiance à son conseiller.

En acceptant de comparaître comme un simple citoyen, Laurent tente de calmer la tempête créée par cette affaire pour la famille royale belge, dont l'utilité et le coût sont remis en cause par une partie du pays, surtout en Flandre.

La monarchie est l'un des derniers ciments d'une unité nationale attaquée presque quotidiennement.

Dans le même temps, en Wallonie, les scandales de corruption se multiplient en effet au sein des municipalités gouvernées depuis 60 ans par les socialistes, contribuant à l'image d'une région pauvre qui gaspille l'argent de la Flandre prospère.

Pour les indépendantistes flamands, la monarchie - et ses membres essentiellement francophones - est l'ennemie à abattre.

Le roi Albert II l'a bien compris, puisque, dans son discours de nouvel an, il a estimé que "personne n'est au-dessus des lois", une allusion claire à son fils qui devra rembourser les sommes qui auraient été indûment perçues.

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