Les ministres d’ouverture : parfois gênés, jamais fâchés

Ils toussent mais ils se soignent. Les ministres "d'ouverture" ont dit leurs distances, face aux mesures qu'ils jugent les plus droitières du gouvernement Fillon et de la majorité à laquelle ils appartiennent désormais. Mais aucun d'entre eux n'en fait un motif de rupture.Dernière en date, la disposition sur les tests ADN pour les familles candidates au regroupement familial. "Choquée", Fadela Amara, secrétaire d'Etat chargée de la politique de la ville, fondatrice du mouvement Ni putes ni soumises, a demandé au gouvernement, dimanche 16 septembre, d'"être beaucoup plus cool. Ceux qui veulent venir chez nous, il y a des conditions. (...) Je ne pense pas qu'il faille ajouter des tests". Mais la secrétaire d'Etat a aussitôt précisé qu'elle balaierait ses états d'âme, estimant que le dernier mot revenait au Parlement et aux élus "du peuple". De même, Bernard Kouchner a pris ses distances, dimanche au "Grand Jury", avec "la politique d'immigration choisie (qui) ne recueille pas entièrement (son) adhésion", critiquant notamment les objectifs chiffrés de reconduite à la frontière. Interrogé sur les tests génétiques comme préalable à une demande de regroupement familial, l'ancien ministre socialiste a déclaré : "Cela ne me plaît pas, mais ne m'indigne pas." Lui aussi n'a pas l'intention d'en faire un casus belli. "Le jour où je m'indignerai vraiment, je partirai", a-t-il ajouté. Quand Martin Hirsch, haut commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté, avait contesté, quelques jours après sa nomination au gouvernement, les franchises médicales, Xavier Bertrand, magnanime, avait estimé "qu'un gouvernement, ce n'est pas un régiment", Roselyne Bachelot, pédagogue, avait proposé de le revoir pour "définir les conditions de mise en oeuvre de cette réforme", et François Fillon, paternel, avait expliqué que "Martin Hirsch vient de nous rejoindre, donc il n'avait pas lu avec beaucoup d'attention le projet politique sur cette question". L'intéressé s'était finalement dit "rassuré". Au gouvernement, ces états d'âme mesurés sont accueillis avec bienveillance. Brice Hortefeux a déclaré qu'il n'était pas choqué par les critiques émises par les ministres d'"ouverture" Fadela Amara et Bernard Kouchner, dans la mesure où "la proposition n'était pas d'origine gouvernementale", mais avait été introduite par amendement parlementaire. Un éventuel retrait de l'amendement permettrait en outre de vanter les vertus et la réalité de "l'ouverture".

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