Les institutrices s’inquietent

Publié le : 30 août 20213 mins de lecture

WEZEMBEEK-OPPEM L’inspection pédagogique des écoles francophones des communes à facilités étant désormais entre les mains de la Région flamande, c’est aujourd’hui au tour des professeurs de craindre pour leur avenir. Ces derniers ont beau dispenser leurs cours exclusivement en français à des élèves de maternelles et primaires, leur parfaite connaissance du néerlandais est obligatoire pour leur permettre d’être désignés puis d’être nommés par la Région flamande. À l’école communale La Fermette à Wezembeek-Oppem, quatre institutrices ont subi, il y a deux semaines, un examen linguistique pour évaluer leur niveau en flamand. Trois ans leur sont accordés pour le réussir. Entre-temps, des cours intensifs de néerlandais se révèlent obligatoires en cas d’échec. « Je ne suis pas du tout bilingue mais j’ai fait de mon mieux, admet Aurélie Dellisse, 27 ans, institutrice maternelle à La Fermette. J’ enseigne ici depuis 5 ans et j’habite Bruxelles. Si j’ai échoué à l’examen, j’envisagerai de suivre des cours pour éviter d’être renvoyée après trois ans. Et peu importe l’ancienneté. Certaines de mes collègues qui ont également passé l’examen habitent en Wallonie. Elles n’ont que très peu d’occasion de parler néerlandais. Elles sont pratiquement sûres d’avoir raté l’examen. »
L’inspection linguistique flamande peut dès lors refuser de désigner et de nommer un professeur au cas où leur niveau de néerlandais est estimé insuffisant.
« Notre programme est propre à la langue française, réagissait hier la directrice de l’école La Fermette, Arianne Calmeyn. Ceci dans l’intérêt à la fois des enfants et des parents qui ont choisi d’inscrire leurs enfants en école francophone. Une chose est sûre : on ne peut pas changer la langue de l’école. Quel que soit l’avenir que l’inspection pédagogique nous réserve, ce que nous désirons plus que tout, c’est que l’on respecte notre pédagogie. »
« Il serait logique qu’ils inspectent simplement les cours de néerlandais, enchaîne Ingrid Goossens, professeur en 3e primaire. Mais en maths, en français… ? C’est aberrant. Et discriminatoire s’ils refusent de nommer des professeurs compétents. » Et si concrètement, l’inspection pédagogique flamande dans les écoles francophones ne démarrera pas avant quelques mois dans ces écoles francophones, il n’en ressort pas moins une vive inquiétude de la part des directions qui craignent voir leurs enseignants s’en aller. Huit écoles francophones sont concernées en périphérie bruxelloise.
« Pour être désignés et nommés, nos enseignants sont obligés désormais d’avoir un diplôme pédagogique en néerlandais , explique Nicole Geerseau (FDF), échevine de l’Enseignement à Wezembeek-Oppem. Cela entraînera une forte baisse de recrutement des professeurs francophones au sein des communes à facilités. Ils iront à Bruxelles où la prime linguistique leur sera accordée. » Seul point positif : l’inspection pédagogique flamande n’inclut pas les PMS.

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